Marianne Herjean

DU VENT ESSENTIELLEMENT / ESCALE APRÈS IRMA

Dessins / récolte In situ / vidéo

Exposition à la galerie Poteaux d´angle / Bourges

Scénographie Nivine Chaikhoun

https://www.instagram.com/nivinechaikhoun/?hl=fr

27 janvier - 24 février

VERNISSAGE
Samedi 27 janvier
18h

Je serai présente depuis Pointe-à-Pitre

Pointe-à-Pitre, le 1 janvier 2018

" Pour qu´un cyclone se forme, il faut que la mer soit chaude, au moins 27 degrés sur 60 mètres de profondeur. Une forte évaporation forme des nuages, puis si les conditions sont réunies ce système se met en mouvement ; en rotation cyclonique avec un oeil qui se forme au milieu lorsque l´air froid rejaillit dans la haute atmosphère. Tout ceci génère des intempéries et une grande houle qui peuvent venir toucher les côtes en créant des submersions marines, des inondations et des vents violents.»

Pour une escale d´une nuit, le lundi 4 septembre, depuis Paris, j´atterris à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. L’effrayante « Irma» fait le gros titre du quotidien France-Antilles. Les routes vers les supermarchés sont saturées. Force 5. Adhésifs en croix pour consolider les vitres, panneaux de bois vissés pour protéger certaines ouvertures... À la télévision un journaliste épelle des abris sûrs, commune par commune «Stade René-Serge-Nabajoth, Réfectoire groupe scolaire Joseph-Théodore Faustin ...». Nous sommes sur le balcon, le vent souffle. Les panneaux publicitaires tanguent. Irma nous t´attendons ! Je dessine une vaste friche entre les deux grands immeubles. Les automobilistes ont stratégiquement pensé à l´écoulement des eaux de pluies sur le parking et ont garé leurs voitures en fonction.

Quinze jours plus tard, me voilà dans un petit avion de 12 places. J´atterris à Saint-Jean sur la toute petite piste de Saint Barthélémy. Les palmiers sont étêtés, les voitures cabossées, un grand feu brûle en continu en bas d´une colline. Le paysage est ravagé : concerto de tronçonneuses, toits arrachés, mer noire... Les flaques dans le salon multiplient les moustiques. Nous nous couvrons. À la lumière d´une frontale, je rencontre Thibault, Noé, Kathleen et Julie. Ici pas d´eau, on se douche avec l´eau de la citerne. Pas d´électricité, mais un petit réchaud à gaz et le point «WIFI Irma» à proximité. Mes collègues me racontent la nuit du cyclone ; l´eau qui monte, l´oeil, le vent qui change de sens, puis les vitres qui se brisent, le courant qui s´emporte dans le couloir. Il me raconte ce que je n´ai pas vécu. Maintenant, nous allons nettoyer ; les petits morceaux de mousses isolantes éclatées sur le sable, les tôles des toitures coincées dans différents mornes, sortir de la vase du lagon des frigos, des tables et le minibar des hôtels de la mangrove... Sortir, entasser, trier, compter parfois brûler. Nous ramassons de toutes petites graines de raisins et de patate de bord de mer pour les replanter sur les dunes afin de se protéger du prochain cyclone. Dans quelques semaines, je serai en Dominique. Le cyclone, il l´appelle «Diamond Maria». L´île est plus pauvre, plus isolée. On chante, on rit, on mange ensemble, en créole. Ici, ce n´est pas la France.

Avec le réchauffement climatique, les cyclones seront de plus en plus violents. Je me suis posée mille fois cette question : est-ce que vivre sur ces îles reste viable ? Je parle de la puissance dévastatrice du cyclone mais également des déchets que produit une île où tout est importé et où l´agriculture locale est en déclin face à la mondialisation de l´alimentation. Chaque pierre, chaque crabe, chaque feuille à son histoire. Ils se réinventent après le cyclone. Mes dessins expriment cette vulnérabilité écologique et géographique des Caraïbes.

Depuis Pointe-a-Pitre, où j´illustre actuellement un livre sur le jardin créole, j´envoie et confie à la scénographe Nivine Chaikhoun cette matière transportable et consultable. Elle installera, à la galerie Poteaux d´angle, en métropole, ce récit narratif cyclonique composé de carnets de dessin et de récolte in situ. " 

vue - dessin / rétroprojecteur de graines 

dessin / crayon de couleur 

Capture vidéo / 2´30 

l´héroine


récolte in situ / collection


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